Fleur, première et qui éclôt sur des eaux généralement stagnantes et troubles, avec une si sensuelle et souveraine perfection qu'on l'imagine aisément "In illo tempore", comme la toute première apparition de la vie, sur l'immensité neutre des eaux primordiales.

Les grands livres de l'Inde font du lotus, issu de l'obscruité et qui s'épanouit en pleine lumière, le symbole de l'épanouissement spirituel. Les eaux étant 'image de l'indistinction primordiale, le lotus figure la manifestation qui en émane, qui éclôt à sa surface comme l'Oeuf du monde. Le bouton fermé est d'ailleurs l'équivalent exact de cet oeuf, dont la rupture correspond à l'ouverture de la fleur : c'est la réalisation des possibilités contenues dans le germe initial, celle des possibilités de l'être, car le coeur est aussi un lotus clos.

C'est encorre, car le lotus traditionnel a huit pétales comme l'espace a huit directions, le symbole de l'harmonie cosmique. On l'utilise en ce sens dans le tracé de nombreux mandala et yantra. L'iconographie hindoue représente Vishnu dormant à la surface de l'océan causal. Du nombril de Vishnu émerge un lotus dont la crolle épanouie contient Brahma, principe de la tendance expansive. Il faut d'ailleurs ajouter que le bouton de lotus, comme origine de manifestation, est aussi un symbole égyptien. Attribut de Vishnu, le lotus est remplacé par la Terre, qu'il représente en tant qu'aspect passif de la manifestation. Pour être précis, l'iconographie de l'Inde distingue le lotus rose (ou padma), celui que nous venons d'envisager, emblème olaire et symbole aussi de la prospérité du lotus bleu (ou uptala) emblème lunaire et Çivaïte.


Du point de vu Bouddique, le lotus, sur lequel trône Cakyamuni est la nature de Bouddha, non affectée par l'environnement boueux du Samsâra. Le joyau dans le lotus (Mani Padme), c'est l'univers réceptacle du Dharma, c'est l'illusion formelle (la Mâyâ) d'ou emerge le Nirvâna.

Dans le mythe vishnouïste, c'est la tige du lotus lui-même qui s'identifie à cet axe, lequel étant, comme l'on sait, le phallus, et renforce l'hypothèse du symbolisme bissexuel, ou sexuellement totalisant. Dans les symboles trantrique, les sept centres subtils de l'être que traverse l'axe vertébral, celui de la Shushumâ, sont figurés comme des lotus à 4, 6, 10, 12, 16, 20 et 1000 pétales. Le lotus aux milles pétales signifie la totalité de la révélation.

Issu du Dictionnaire des Symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant 1991.

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Issu du Dictionnaire des Symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant 1991

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